Christel Nemouchi

POIDS DES CONVENANCES & TENSIONS DE FIN D’ANNÉE

PAR CHRISTEL NEMOUCHI

Vivre un Noël enchanté, savourer la Magie ambiante des fêtes de fin d’année! Célébrer et se ressourcer auprès des siens!
Chaque année notre âme d’enfant ne demande qu’à y croire. P
our certains la période de l’Avent inspire réconfort et optimisme, quand pour d’autres elle devient source de tensions les projetant dans  des scénarios parfois très anxiogènes. Pourtant, il peut paraître difficile de communiquer autour de ce trouble. L’assumer, suppose de le comprendre et se sentir capable de mettre des mots sur cette appréhension. L’esprit de fête de fin d’année s’impose, au delà de toute symbolique religieuse, fort de puissants codes sociétaux renvoyant à la joie, à l’amour, le partage et  la consommation.

Mais si l’élan de fête s’installe allègrement dans les vitrines des boutiques et grands magasins, se fraie-t-il aussi facilement un chemin jusqu’aux portes de notre coeur?

C’EST PARFOIS UN PETIT PARADOXE INTÉRIEUR…

On peut aimer l’émerveillement des fêtes de fin d’année et se sentir moins à l’aise avec le protocole  et les exigences de notre entourage. Ils représentent cette part de contrôle qui contraste avec l’ambiance légère et féérique du moment.

Outre la naissance du petit Jésus et l’arrivée de Papa Noël, il  y a l’envers du décor, la contrainte des choix et des préparatifs qui  influence notre perception des fêtes de fin d’année. La qualité de notre expérience sera multi factorielle: la cohésion dans notre cellule familiale, nos limites budgétaires, la course aux cadeaux,  les attentes que nos proches, leurs désirs culinaires… Mais il y a aussi notre histoire personnelle, notre sensibilité, nos expériences passées qui ont gravées en nous des peurs et des croyances (affectives, éducatives, religieuses…). L’ensemble interfère dans notre ressenti.

Quelle qu’en soit son intensité, il y a toujours une intention positive lorsqu’on provoque un temps de partage. Cette intention est d’autant plus présente en période de fête de Noël. La volonté de montrer le meilleur de soi à son entourage. Simplement cette volonté de bien faire peut facilement nous détourner du plaisir que l’on souhaiterait pour l’occasion. Le besoin de perfection nous empêche de nous détendre et de trouver notre place. Au milieu de l’excitation et de la précipitation, notre pleine attention se perd dans des aspects ou détails qui mobilise toute notre énergie. La  pression nous plonge dans le « Paraître », quand nous souhaiterions cultiver « l’Être »: Être Soi, être authentique, être simple et disponible.

Les fêtes de fin d’année ne sont pas de tout repos…

 Nous avons besoin de mettre du sens derrière l’agitation et les tensions que ces fêtes occasionnent . Et ce sens, nous ne le trouvons pas toujours dans la qualité des échanges que nous vivons avec nos proches. Ce sont des moments chargés émotionnellement et affectivement, ils représentent un point de rupture avec la longue période de repli sur soi, induite par le cycle hivernal. D’autre part, ils clôturent douze mois d’une année souvent éprouvante. Un moment sensible où notre état de fatigue est exacerbé. La période nous amène à quitter notre bulle d’intériorité, pour accepter de faire corps avec d’autres présences dans un contexte festif. Nous abandonnons l’espace d’un moment notre individualité, pour rencontrer autour d’une table ou d’une piste de danse, des personnalités singulières. Cela suppose également de composer avec leurs attentes toutes aussi personnelles. Or, il arrive que les différences se rencontrent mais ne se comprennent pas. 

C’est probablement de qui donne cet aspect conventionnel à la période. Tel un devoir social que nous accomplissons pour nourrir les échanges avec nos proches. Le huit clos familial ou amical exigera son lot d’adaptation: écoute, participation, empathie, acceptation des différences… Dans cet espace de communion, l’effort devra paraître justifié, tel un besoin de retour sur investissement. Si le moment est délicieux, il restera un souvenir mémorable. S’il ne l’est pas, il pourra être vécu comme un moment de grande désillusion. Mais ceux qui décideront de s’impliquer auront pour option de laisser tout le passif désagréable de côté pour cultiver coûte que coûte l’esprit de Fête. En faisant fi de leurs ressentis, ils effaceront comme par enchantement l’ardoise le temps d’une soirée, pour former une assemblée parfaitement pacifique et joyeuse. 

Toutefois, pour cultiver le sentiment de partage, nous avons besoin de nous sentir intégrés au sein du groupe. Nos blessures de rejet, nous amènent à chercher de la bienveillance et des regards positifs sur nous. Cela explique le sentiment de solitude ou de décalage que nous pouvons éprouver, à l’issu d’un repas de famille compliqué. Quelle que soit notre sensibilité, il y a des situations où le stress nous attrape. On aura beau adorer la magie de Noël, elle se dissipera dès la première remarque acerbe de Tata Gilberte sur notre décoration de table. Ou lorsque Papi Raymond lancera les hostilités avec un maladroit: « C’est vraiment dommage, tes champignons sont fades! ». Quand on s’évertue à faire de son mieux, c’est tout notre univers qui s’écroule lorsque notre communauté ne nous valide pas. La critique est certes constructive mais l’égo (notre système de protection personnelle) pourra souffrir de se sentir dégradé. Être jugé(e), comparé(e) ou dévalorisé(e) par les siens est un séisme émotionnel. C’est un peu comme un bélier qui viendrait enfoncer la porte de notre confiance.

 

Combien sommes-nous à nous avoir vécu des situations inconfortables?

 A penser que nous devions faire des efforts par amour, par loyauté, par principe. Toute l’importance est de repérer comment nous sentons au moment même où nous refoulons nos émotions. Nous pouvons être très habile sur le plan social, comme tout le monde nous aurons nos limites.
Parfois, au sein même de notre cercle de proches, nous rencontrons ce type de situation délicate qui nous tourmente et qui nous ramène à la triste réalité du conflit intérieur. Cette forme de déchirement, où l’on se voit accepter quelque chose qui ne nous convient pas. Il peut ne pas avoir de conséquences sur notre vie, mais il peut aussi réveiller des symptômes (maux de dos, troubles intestinaux, nausées, oppression thoraique…) Ce qu’on appelle la SOMATISATION. Ignorée, elle pourra se transformer en maladie. Je trouve intéressant le parallèle que fait le psychothérapeute Jacques Martel en rapprochant la maladie du »Mal a dit » dans « LE GRAND DICTIONNAIRE DES MALAISES ET DES MALADIES ». Comme si le fait de taire les mots, nous amenait à les exprimer au moyen d’autres MAUX.

J’ai souvenir d’une de mes proches qui déclenchait des crises intestinales à chaque réveillon du jour de l’an, passé en compagnie d’intimes de son époux. Je recueillais régulièrement ces confidences et j’observais dans ses réponses des contradictions. Elle se sentait très mal à l’aise au sein de ce groupe d’amis mais elle continuait à trouver toujours quelques raisons de partager du temps avec eux à l’occasion des fêtes.
Et chaque nouvelle année, la situation se répétait, quand elle n’empirait pas. Elle  m’expliquait qu’une fois son repas de fête terminé, elle était saisie de nausées et finissait sa soirée aux toilettes à regretter ses abus gastronomiques. Il n’en était rien, elle était de nature mesurée dans son mode d’alimentation. Elle avait simplement du mal à rencontrer son émotion. J’entendais dans ces mots toute son désarroi (et probablement la culpabilité) de cet inconfort au contact des proches de son compagnon. Aussi continuait-elle à faire l’effort de se rendre à ces soirées de fin d’année, sans questionner son profond mal-être. Son corps déclarait forfait à chaque nouvelle tentative: crise de foi, grippe intestinale, angine blanche… Pas moyen d’avaler, ni de digérer correctement. Chaque fin d’année avait la même couleur, celle du désespoir. Celui de ne pas se sentir reconnue à sa juste valeur au milieu en présence de ce groupe. Cette personne a fini par développer une profonde aversion pour les réveillons, faute d’écoute de soi. Par mécanisme de défense son corps anxieux s’est mis à lui interdire de reproduire les mêmes schémas en déclarant des maladies à l’approche des fêtes. Elle a choisi de le ritualiser ses réveillons de façon à se sentir sécurisée. Elle les passe à présent chez elle, en petit comité très restreint. Et quel que soit le contenu de son repas, il semble qu’elle ne souffre plus d’aucun trouble physiologique au moment festif.

De même chaque fin d’année, j’observe en ma qualité de sophrologue, des personnes qui franchissent la porte de mon cabinet en phase de questionnement. Elles ressentent des manifestations physiques, qui les inquiètent. Une forme de stress voire d’angoisse, sans être capables de comprendre leurs symptômes. Or, lorsque nous approfondissons leur problématique, apparaît souvent cette notion de  conflit intérieur. Il se manifeste souvent dans les échanges affectifs qui nous mettent en situation d’échec personnel. Il prend alors la forme d’un sentiment de trahison envers soi.  Il n’est pas toujours évident d’affirmer ses limites face à son cercle affectif. Certaines personnes préfèrent supporter des présences toxiques à détriment d’elles-mêmes faute d’être capables de dire NON et de se protéger. Vivre le jugement et la mise à l’écart de leur cellule familial peut leur paraître insupportable.

Quand le changement s’impose…

Personnellement, j’ai assoupli mon rapport aux injonctions protocolaires, en observant qu’elles étaient contreproductives dans ma relation aux autres. Ma boussole, c’est mon énergie de vibration et la manière dont mon corps réagit lorsque je me projette dans une situation. A l’approche de la fin d’année, je veille à repérer tous les signaux que mon corps me renvoie au moment de mes choix.

J’ai envie?

Mon diaphragme et mon ventre sont relâchés, ils engagent un mouvement d’ouverture, légère bascule de mon bassin vers l’avant. Respiration profonde et calme.

Je suis hésitante ou je manque de motivation?

Mon poids du corps bascule inconsciemment vers l’arrière, contraction des couches profondes  abdominales et léger froncement au niveau de la ride du lion (entre-sourcils). Insomnies passagères.

Notre corps sait ce qu’il peut et ce qu’il veut vivre, soyons à son écoute. Soignons en nous la cohérence. En PNL ou programmation neuro linguistique, on parlera de congruence. Ce qui signifie que nos paroles et nos actes sont en accord avec ce que nous ressentons.

Au moment où tout est aligné en nous,  la magie opère! C’est de cet acte d’amour entre Soi et Soi, que naît notre bienveillance envers les autres et que nous rayonnons de toute notre présence.

S’aimer et se respecter telle que l’on est, nous permet de nous sentir plus libre, plus vrai(e) et nous donne les moyens d’être dans une meilleure disponibilité à l’autre. Le corps respire et bouge différemment, le visage s’éclaire. C’est dans ces moments là, que l’on entendra cette petite phrase douce et enveloppante nous dire « Tu es rayonnant(e) ». Ce rayonnement est le contrepoids de la somatisation. Si tout notre corps s’ouvre, se libère, et s’active positivement, cette légèreté est comme un petit miracle intérieur. Elle se communique spontanément à autrui et elle se diffuse rapidement en soi et autour de soi. C’est notre corps tout entier qui se met à sourire.

 

Il est peut-être temps pour vous de repérer ce que ce partage éveille en vous…

De vous demander si vous auriez besoin de faire évoluer votre rituel des fêtes de fin d’année. Je vous suggère d’approfondir votre émotions au moyen de quelques questions:

– Posez vos mains en plat sur votre ventre, en pensant à vos prochaines fêtes.
Que ressentez-vous?

– Quelle est votre priorité au moment des fêtes de fin d’année?

– Quand vous êtes vous sentie rayonnée pour la dernière fois à cette occasion?

-Vous sentez-vous en harmonie dans vos cercle relationnel proche?

Quel que soit votre besoin actuel en cette période de fêtes, prenez soin de ne pas tomber dans le piège de l’auto-critique. Parfois la solitude sait être la compagne idéale car elle nous octroie du temps, du calme, du rêve, de la l’inspiration et du renouveau. Il y a des moments dans notre vie où nous en avons plus particulièrement besoin pour nous recentrer et nous régénérer. Apprenons aussi à nous faire confiance sur le plan de nos désirs. Quand les autres ou certaines étapes de notre vie nous ont vidé de toute notre énergie, nous gardons cette possibilité de nous ressourcer au plus proche de nous-même. Connaître et opter pour ce qui nous fait le plus de bien, c’est le plus puissant des remèdes pour se remplir. Nous sommes nos plus grands fournisseurs de paix intérieure.Il 

Là, où il y a de la solitude il y a toujours une particule d’inspiration et de miracle… 
CHRISTEL

 

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