20 Avr Recherche optimisme désespérement…
« Lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre
mais nous regardons si souvent du côté de la porte fermée,
que nous ne voyons pas celle qui été ouverte pour nous. »
Helen Kellers
Notre XXI ème siècle portera son empreinte de douleurs. Evénements anxiogènes, menaces directes comme indirectes, perte de repères ou désillusions. Nous apprenons à travers notre fragile condition d’humain, à surfer entre mer houleuse et petits ilots de calme. Et si le temps n’accélère pas, à n’en pas douter notre pas de course ne cesse de croître au service de nos agendas vampiriques.
Abreuvés d’une actualité de plus en plus sombre et d’images culpabilisantes, nous assistons au triste spectacle d’une planète sur laquelle la souffrance et le désenchantement poussent aussi vite que la mauvaise herbe. Nous bataillons à trouver un peu de répit. Ralentir, rêver, expérimenter, partager…combien de fois par jour reportons-nous? Notre rapport au temps subit l’influence des nouvelles technologies, comme des logiques d’urgence et d’instantanéité. Le recours aux écrans est devenu facilité, faute de disponibilité, d’énergie et de motivation. S’adapter suppose à présent de tendre vers des solutions rapides et simplistes, qui nous conduisent nécessairement à négliger la prise de distance, le goût de l’effort et l’envie de bien faire.
Or, si nous assistons médusés aux dérives actuelles de notre civilisation, sommes-nous condamnés à vivre dans le constat affligeant que tout va aller de mal en pis ? Posons un instant un regard neutre sur la vie, la nature, l’histoire même de notre humanité… De vastes chantiers entre démolitions et reconstructions cycliques, entre désespoir et combat, entre fuite et courage. Existe t-il plus beau témoignage que ce monde en mouvance et en adaptation permanente? Existe t-il meilleure image que ces lendemains riches de promesses?
ETRE OPTIMISTE, pour le meilleur et pour le pire!
« Restons optimistes, évitons de dramatiser! »
Combien de fois cette injonction s’est-elle invitée au détour de nos conversations? Ce petit bout de phrase ayant pour vocation de clore le chapitre des peurs, tout en laissant remonter le poids de la culpabilité sur ceux/celles qui le reçoivent. En effet, on serait alors bien tenté de se poser la question de ce qui pourrait se passer si on était bien incapable de l’être! Serions-nous alors d’irrémédiables pessimistes? Ou peut-être nous positionnerons-nous du « Côté Obscur de la Force? ». A laisser inconsciemment notre porte entrouverte sur le mauvais sort ou les mauvaises pensées environnantes.
Prenons le temps de nous intéresser de plus près à ce terme tout particulier « OPTIMISME ». Ainsi, d’après le dictionnaire Larousse: L‘optimisme est une doctrine philosophique, selon laquelle «le monde est bon, et le bien y tient plus de place que le mal». Son étymologie (OPTIMUS) renvoie à la notion d’excellence. S‘agit-il là d’une pensée magique? Non, pas plus de pensée magique, que de croyance toute puissante. Rien qui ne guide nos choix vers une destinée tracée et parfaite. Et si vous en doutez encore, le moment est venu de tordre le cou à quelques préjugés vecteurs d’une image bien éloignée du dessein originel de l’optimisme. Celui de projeter l’humain dans le MOUVEMENT et l’INITIATIVE.
-Etre optimiste ne signifie pas que l’on fuit la réalité.
-Etre optimiste n’est pas synonyme de naïveté
(À l’instar du Candide de Voltaire, pour lequel la désillusion prend le pas sur l’optimisme, dans cet aveu fataliste «L’optimisme, c’est la manie de dire que les choses sont bien quand on est en enfer.»)
-Etre optimiste n’est pas une entrave au discernement.
-Etre optimiste, n’empêche pas d’affronter la difficulté
Etre optimiste, c’est une façon de penser orientée principalement vers la recherche de solutions.
C’est miser sur son énergie, son entrain, ses forces pour se mettre en action et avancer. Être optimiste, c’est tout simplement être capable de dé-focaliser de la difficulté pour réfléchir à avancer, quelle que soit la situation.
« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité ;
un optimiste voit L’opportunité dans chaque difficulté.«
Winston Churchill
APPRIVOISER L’optimisme…
Nos exigences et notre besoin de perfection.
La pression du « tout ou rien! ». Cette frustration générée par nos propres limites. Sans doute à l’origine, notre histoire personnelle, nos conditionnements affectifs et éducatifs depuis notre plus jeune âge jusqu’à nos premières expériences d’évaluation:C’est bien! », « C’est mal! », « Tu peux mieux faire! », « Allez un petit effort! ». Puis apparaît cet insupportable souci de la comparaison, qui s’installe dès l’âge de 5 ans. Il vient ajouter un peu plus de poids sur nos jeunes épaules. Les autres avec leurs atouts et leurs prouesses, alors perçus comme des références, quand ils ne sont pas de parfaits rivaux. Et voilà, la machine à auto-évaluation qui se met en marche pour ne plus s’arrêter. Comment dès lors se convaincre que nous avons avons en nous le potentiel pour la résolution, mais qu’il dépend avant-tout de notre regard sur la situation?La façon dont nous sommes construit(e)s
Verre à moitié plein ou verre à moitié vide? Anticiper nos peurs et nos échecs, ou ce sursaut contreproductif qui nous conduit inconsciemment à altérer notre estime personnelle et la confiance en nos agissements. A force de nous projeter dans des scénarios catastrophes, nous nous auto-sabordons, osant de moins en moins. Nous vivons contenus, soucieux à l’idée de quitter notre routine pour une part d’inconnu.L’amplification des « problèmes »
Accorder une importance démesurée à l’obstacle nous prive d’avancer. Pour l’illustrer, je citerai ce vieux proverbe arabe: « Qui veut faire quelque chose trouve un moyen, qui ne veut rien faire, trouve une excuse… » . En séance, c’est non sans une petite touche d’humour que je fais le parallèle avec les contes de notre enfance, en invitant mes accompagnés à rester « au pays des faits… ». Nourrir un regard factuel, voilà sans doute la première brique à poser sur l’édifice de l’optimisme. Rester objectif(ve), c’est également se responsabiliser face à ses actions (attention, j’insiste RESPONSABILISER et non culpabiliser). Être conscient de ce que nous avons été capables de mettre en place, l’accepter, et observer les améliorations possibles.Les idées arrêtées, les croyances limitantes et les préjugés
Ils nous coupent des autres et de la réalité. Ils nous maintiennent dans le négatif et les interprétations. Ils nous inscrivent dans la procrastination, ce comportement mécanique qui nous pousse à reporter sans cesse à plus tard, ce que nous ne nous sentons pas à la hauteur de faire tout de suite. Toute image négative qui se glisse dans notre tête est alors un message suggestif à notre cerveau. Une image qui s’imprime alors, telle une part de réalité.
L’auto-jugement et les doutes
Etre capable de repérer ses forces demande une somme de courage. Le premier d’entre tous, être capable de fouiller en soi. Faire du tri entre les complexes, les peurs, les blocages personnels, et la difficulté à se projeter, dans l’échec comme dans la réussite. C’est là que se fera la différence. L’optimiste misera prioritairement sur l’expérience, sans se soucier du résultat.
la crainte de se tromper
Probablement l’étape la plus complexe au delà des doutes et du « qu’en dira t-on». Chaque expérience dissimule une part de risque, elle implique nécessairement d’engager nos choix et nos actions. Se sentir prêt pourra signifier s’apercevoir suffisamment équipé(e) comme soutenu, pour affronter une situation difficile et la dépasser. Mais cela pourra également sous-entendre donner du sens à cet après, qui se prépare. Pour dépasser tous les obstacles, nous avons besoin que le jeu en vaille la chandelle. Le choix de l’optimisme réclame un dialogue intérieur permanent. Au delà des conséquences de nos décisions, trouvons avant-tout la motivation dans ce sentiment de justesse qui nous importe. Ce besoin presque organique d’être aligné(e), d’entretenir une forme de cohérence avec nos valeurs personnelles. Cela suppose de quitter cet état de passivité, qui alimente nos remords comme nos regrets, pour investir de manière déterminée dans le présent. C’est décider de ne plus gaspiller notre énergie à anticiper l’avenir et ses barrages. Quelque soit notre âge et notre expérience, nous avons droit à l’erreur. Retenons qu’elle participe activement à notre évolution personnelle. La vie est un apprentissage de chaque instant, à condition que nous soyons disposés à apprendre d’elle.
ASSUMER Son imperfection…
Pour illustrer cette posture, je ne résiste pas à l’envie de partager un extrait de l’ouvrage «Les psys se confient» de Christophe André (Ecrivain, psychiatre et psychothérapeute). Un témoignage que j’ai découvert très récemment. Il a fait chemin en moi. Des mots sincères, qui montrent toute la nécessité de composer avec ses failles, sans pour autant sombrer dans une forme de fatalisme culpabilisant. Dans son ouvrage, Christophe André évoque de manière décomplexée une remise en question personnelle, qu’il a su dépasser en s’appuyant sur le travail et la pensée positive. Je citerai ici un passage de son livre:
« Comme je n’étais pas naturellement un modèle d’équilibre psychologique, et que je ne voulais pas me trouver en position de mensonge ou d’imposture vis-à-vis de mes patients, j’ai travaillé de toutes mes forces à être le plus équilibré possible. Il me semble que j’ai progressé (et que j’ai encore un sacré boulot…). Mais finalement, je suis heureux que mes moments de paix et de bien-être viennent de ces efforts de tâcheron, de sous-doué du bonheur, d’Anxieux-Qui-Rêve-D’être-Zen ; ça me semble plus solide, ça me rassure de l’avoir obtenu par mon travail ».
C’est peut-être là le début d’une solution. Bien que nous ne nous soyons pas tous des surdoués du bonheur, de légèreté et d’optimisme, nous conservons cette possibilité de nous reposer sur cette meilleure version de nous-même, issue de notre éducation, de notre histoire, de nos rencontres… Nous avons composé avec l’ADAPTATION depuis notre premier souffle sur terre, sans véritablement nous attarder sur cette capacité extraordinaire. Pourtant, elle mériterait d’être cultivée précieusement pour nous donner les moyens de persévérer en toutes circonstances. Ainsi, à défaut d’être un(e) optimiste-né(e), ne pouvons-nous pas faire le choix de nous responsabiliser et d’apprendre à le devenir au prix de quelques efforts ? Cela suppose de nourrir une forme de bienveillance à l’égard de nous-mêmes, de nos expériences et d’agir avec volonté et détermination. En nous acceptant tels que nous sommes et en nous investissant pleinement dans cette démarche de progression continue, nous transformerons nos propres imperfections en de vibrantes victoires.
Au delà de toute espérance, nous aurons bien des occasions au cours de notre vie de constater à quel point,
l’optimisme s’expérimente, s’apprivoise et se renforce avec le temps.
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